PME, TPE, ETI… les échecs d’entreprises en augmentation en juin se rapprochent des niveaux d’avant la pandémie
Le nombre d’échecs d’entreprises continue d’augmenter en juin. Cependant, pour toutes les catégories confondues, le nombre total sur les 12 derniers mois reste inférieur à celui de 2019, à 48 673 contre 51 145, selon les chiffres publiés ce jeudi par la Banque de France.
Une observation à nuancer car si les défaillances restent à un niveau inférieur pour les micro-entreprises, leur nombre est effectivement plus élevé qu’en 2019 dans les autres catégories.
Les échecs d’entreprises en France ont continué en juin leur augmentation commencée à l’automne 2021. En cumul sur les douze derniers mois, on compte ainsi 48 673 défaillances contre 33 570 un an plus tôt, rapporte la Banque de France ce mercredi.
Une augmentation qui « touche tous les secteurs de l’économie et toutes les tailles d’entreprises », précise-t-elle, indiquant toutefois qu’il est « de moindre importance pour les microentreprises et les entreprises de taille indéterminée ».
Cependant, « le nombre total de défaillances sur un an reste inférieur au niveau moyen enregistré sur la période 2010-2019, avant la pandémie de COVID-19 », ajoute le rapport de la Banque de France, expliquant que cela est dû au fort recul enregistré au début de la crise sanitaire « à la suite de la modification temporaire des dates de caractérisation et de déclaration de l’état de cessation de paiements ». De plus, les mesures prises par le gouvernement pour soutenir la trésorerie ont permis d’éviter une explosion des cessations de paiement. Ainsi, en 2019, le nombre de défaillances était de 51 145 (en cumul sur les 12 derniers mois).
Cependant, cette observation doit être nuancée. En effet, au cours des douze derniers mois, ce sont les micro-entreprises et les entreprises de taille indéterminée qui font baisser la moyenne globale. Si le nombre de défaillances de micro-entreprises a augmenté de 45,8 % en un an, il reste inférieur de 9 % à celui de 2019. À l’inverse, dans les autres catégories, le nombre révélé ce jeudi est supérieur à celui de 2019. Ainsi, les défaillances dépassent de 57% leur niveau de 2019 pour les très petites entreprises (TPE, moins de 10 salariés), de 62,8% pour les petites entreprises (10 à 49 salariés), de 50,4% pour les moyennes entreprises (50 à 249 salariés) et de 103,8% pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grands groupes. Dans cette dernière catégorie, 53 entreprises ont fait faillite au cours des 12 mois, contre seulement 26 en 2019.
Des inquiétudes dans le secteur du bâtiment Par secteur, les défaillances ont le plus augmenté au cours de l’année dans l’hôtellerie-restauration, avec une hausse de 81,2 %. Le nombre de défaillances était particulièrement bas dans ce secteur pendant la pandémie en raison des aides gouvernementales face aux fermetures administratives dont les établissements faisaient l’objet.
Les défaillances sont également en forte hausse dans l’industrie, où elles augmentent de 58,9 %, malgré la volonté du gouvernement de réindustrialiser le pays. Dans le commerce et la réparation automobile, la hausse frôle les 50 % et elle atteint 44,4 % dans la construction, toujours sur un an.
La publication des chiffres de la Banque de France intervient alors que, mardi dernier, la Fédération française du bâtiment (FFB) a révélé que les défaillances dans le secteur ont repris leur rythme d’avant la pandémie. En conséquence, elle craint 135 000 suppressions d’emplois d’ici 2025. Selon les prévisions de la FFB, le nombre de défaillances d’entreprises en 2023 devrait revenir à son niveau de 2019, après avoir été fortement réduit pendant la pandémie, en raison des aides publiques aux entreprises.
« On assiste à une accélération destructrice des défaillances d’entreprises, ces derniers mois (…) surtout dans les travaux publics et la promotion immobilière », a averti le président de la FFB, Olivier Salleron.
La FFB, qui prévoyait il y a trois mois 100 000 suppressions d’emplois d’ici 2025, a revu ce chiffre à 135 000, après que le gouvernement a annoncé la fin progressive du dispositif Pinel de soutien à la construction neuve et le resserrement du prêt à taux zéro pour l’accession à la propriété.
C’est surtout le logement neuf, où l’activité chute, qui inquiète l’organisation patronale, tandis que la construction neuve non résidentielle s’érode et que l’amélioration-entretien, soutenue notamment par la rénovation énergétique, progresse trop peu pour compenser le reste. « La crise est inévitable », selon Olivier Salleron, citant parmi les difficultés l’augmentation du coût du crédit et la hausse des coûts de construction, l’inflation des prix des matériaux et de l’énergie et des normes environnementales plus strictes.